Erreur de diagnostic : un urgentiste jugé à Chartres après le décès d’un nourrisson

Un médecin urgentiste de l’hôpital de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir) était jugé ce jeudi 27 janvier devant le tribunal de Chartres pour une potentielle erreur de diagnostic ayant entraîné la mort d’un nourrisson de six semaines, rapporte « l’Écho Républicain ».

Les faits remontent à avril 2015. Selon les éléments déclinés à l’audience, les parents ont amené leur nourrisson au service des urgences de l’hôpital local de Nogent-le-Rotrou car il avait du mal à respirer et refusait son biberon. Le médecin diagnostique une bronchiolite et se montre rassurant. Il administre des aérosols à l’enfant. Les parents insistent pour qu’une radio soit faite, ce que le médecin finit par accepter, sans rien détecter d’anormal. Le bébé est renvoyé chez lui, mais son état s’aggrave quelques heures plus tard et il décède.

À la barre du tribunal, le médecin, âgé de 58 ans, assure qu’il a fait tout ce qu’il devait faire, en fonction des protocoles en vigueur à cette époque. Mais selon les experts et le radiologue, il n’a pas vu à la radio que l’enfant était atteint d’une pneumopathie aiguë, qui aurait exigé un transfert d’urgence en pédiatrie vers les hôpitaux de Chartres ou du Mans (Sarthe). « Une radio, c’est une image. On peut ne pas voir une image », s’est défendu le médecin. Cette potentielle erreur de diagnostic, contestée par le praticien, aurait, selon les experts, « obéré de 95 % les chances de vie du bébé ».

L’hôpital de Nogent-le-Rotrou était également convoqué aux côtés du médecin pour homicide involontaire. Selon les enquêteurs, le médecin n’avait pas « les qualifications requises » pour exercer dans un service d’urgence. D’origine étrangère, il était spécialisé en médecine digestive avec une validation des acquis d’expérience sur le territoire français. Il n’avait pas encore été inscrit au tableau de l’Ordre des médecins.

« C’est un drame qui a marqué tous les professionnels qui ont participé de près ou de loin à la prise en charge du petit Arthur. Mais le praticien était en formation d’urgentiste. Il était donc amené à travailler au service des urgences, accompagné par un médecin senior », a plaidé l’hôpital.

D’autres carences ont été pointées du doigt par les experts, notamment le fait que l’infirmière d’accueil des urgences n’avait pu prendre que sa température. L’appareil permettant de mesurer la saturation en oxygène n’était pas adapté aux petits doigts du bébé et l’infirmière aurait « fait l’impasse », selon l’enquête. Ces anomalies n’ont pas été inscrites dans le dossier médical du bébé par le médecin.

Relevant « un problème d’organisation administrative » à l’hôpital de Nogent-le-Rotrou et une « ubérisation de la profession », le procureur a réclamé 30 000 euros d’amende, dont 10 000 euros avec sursis contre l’hôpital, et trois ans de prison avec sursis contre le médecin, qui a quitté son poste après ce drame, rapporte le quotidien local. Le jugement est mis en délibéré au 21 mars.

Source : www.lequotidiendumedecin.fr - Marie FOULT (28/01/2022)

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