Attentats de Nice : des troubles post-traumatiques qui persistent chez les enfants
Trois ans après les attentats de Nice qui ont fait 86 victimes, les conséquences se font toujours ressentir sur les enfants. Selon les premiers résultats d’une étude démarrée en 2017 et menée auprès de 208 enfants témoins de ce drame, 60 % d’entre eux souffrent d’au moins un trouble post-traumatique.
« Il s’agit d’une étude longitudinale et prospective qui a pour objectif d’évaluer l’impact psychologique et psychosocial des attentats de Nice sur les jeunes enfants », indique au « Quotidien » le Pr Florence Askenazy, pédopsychiatre au CHU de Nice et coordinatrice de l’étude.
Les enfants inclus sont des enfants de moins de 12 ans ayant été vus en consultation au centre d’évaluation pédiatrique du psychotraumatisme (CE2P) de Nice. Tous étaient présents ce 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais. Ils ont répondu à des questionnaires portant notamment sur l’anxiété et leur degré d’exposition et ont été soumis à une évaluation neurocognitive.
Ils ont été séparés en deux groupes : les moins de 7 ans et les 7-12 ans. « Des questionnaires spécifiques à chaque tranche d’âge ont été proposés, car ce sont des âges différents sur le plan du neurodéveloppement », explique la pédopsychiatre.
Deux ans après les attentats, des troubles de stress post-traumatique ou des difficultés scolaires ont été rapportés chez la majeure partie des enfants. Les enfants ont été évalués à l’aide de l’échelle CGI (Clinical Global Impression) qui permet au médecin d’évaluer l’amélioration de l’état du patient.
Selon cette échelle, l’état d’un tiers des enfants de moins de 7 ans s’est amélioré, ils ne présentent plus de trouble. Pour un autre tiers, l’amélioration a été modérée, tandis que le dernier tiers reste sévèrement marqué. Pour les 7-12 ans, ces proportions sont quelque peu différentes et sont respectivement : la moitié, un quart et un quart.
Ces premières tendances montrent que les 7-12 ans sont plus résilients. « Nous n’avons pas encore d’explication, mais cela amène à s’interroger sur l’accès aux soins des plus petits. Il est plus difficile de repérer des troubles chez les plus jeunes, car ils s’expriment moins », souligne le Pr Askenazy.
Avec son équipe, elle espère à terme bénéficier de fonds suffisants pour pouvoir recruter au moins 1 000 enfants et ainsi donner plus de poids à cette étude. Néanmoins, « ces premiers résultats permettent d’ores et déjà d’identifier les enfants pour lesquels un suivi particulier est nécessaire », conclut la pédopsychiatre.
Source : www.lequotidiendumedecin.fr Charlène Catalifaud (12/07/2019)
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