Cancers reconnus d’origine professionnelle : rapport 2019
Un nouveau rapport consacré aux cancers reconnus d’origine professionnelle a été publié en avril 2019 par l’assurance maladie risques professionnels. Leur nombre ne cesse d’augmenter et ils représentent un coût de 1,2 milliards d’euros pour les entreprises à travers leur cotisation accidents du travail et maladies professionnelles. Les expositions professionnelles seraient à l’origine de 5,7% des cancers chez l’homme et 1% des cancers chez la femme.
Incidence annuelle des cancers entre 2007 – 2019 : 356 000 cas (197 000 cas pour les hommes, 159 000 cas pour les femmes)
40% des cancers pourraient être évités grâce à des changements de comportements et de modes de vie.
Facteurs de risques en 2015 :
- tabagisme dans 20% des cas,
- alcool dans 8% des cas,
- alimentation chez l’homme dans 5,7% des cas,
- surpoids et obésité chez la femme.
Le nombre de cancers reconnus d’origine professionnelle a été multiplié par 3,6 en 20 ans :
540 cas en 1998
1 940 cas en 2017.
Il existe une forte différenciation selon le sexe :
les hommes sont très majoritairement les plus concernés (96%) et sont ouvriers dans 80% de cas.
En effet, les hommes n’occupent pas les mêmes emplois que les femmes.
Les cancers reconnus d’origine professionnelle se concentrent principalement dans la moitié nord de la France ceci correspond à l’implantation des activités économiques concernées par l’amiante.
Entre 2013-2017, en moyenne 1840 cancers d’origine professionnelle ont été reconnus chaque année soit 0,5% des nouveaux cas de cancers recensés en France.
Les entreprises les plus concernées ont plus de 250 salariés et appartiennent aux secteurs :
- de la métallurgie pour 39% des cas,
- du BTP pour 24% des cas,
- de l’industrie chimique pour 9% des cas,
- et du bois également pour 9% des cas.
Expositions professionnelles en cause
Dans 90 % des cas, les salariés atteints de cancers d’origine professionnelle ont été exposés au risque pendant plus de dix ans.
80% des cancers reconnus sur la période 2013-2017 sont liés à l’amiante. En dehors de l’amiante, une quarantaine d’agents d’exposition sont à l’origine de 90% des cancers professionnels reconnus.
Parmi ces agents, les poussières de bois, le benzène et les produits noirs (goudrons, bitumes, asphaltes…) représentent à eux seuls la moitié des cas concernés.
Exposition professionnelle à des cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR) selon les résultats de l’enquête SUMER de 2010
Les 8 principaux CMR chimiques, rencontrés en 2010 en milieu de travail :
- gaz d’échappement diesel (676 300 salariés exposés),
- huiles minérales entières (472 700),
- poussières de bois (337 300),
- silice cristalline (284 000),
- formaldéhyde (122 500),
- plomb et ses dérivés (105 000),
- amiante (70 900),
- phtalates (54 570).
Les cancérigènes respiratoires étaient majoritaires (agents chimiques et/ou rayonnements ionisants), avec près d’un salarié sur dix (9%) exposé à au moins un cancérigène respiratoire.
Nuisances les plus fréquentes chez les hommes :
- émissions de moteurs diesel,
- huiles minérales entières,
- poussières de bois,
- silice cristalline.
Nuisances les plus fréquentes chez les femmes :
- travail de nuit,
- exposition aux rayonnements ionisants,
- formaldéhyde,
- médicaments cytostatiques.
Pathologies et tableaux
Du fait de la prédominance des cancers liés à l’amiante, la majorité des cas de cancers reconnus d’origine professionnelle sont des cancers du poumon :
- 57% : cancers du poumon
- 21 % cancers de la plèvre
- 11% cancers de la vessie
80% des cancers reconnus sur la période 2013-2017 sont liés à l’amiante :
- cancers du poumon dans 70% des cas,
- mésothéliomes dans 30% des cas.
Hors amiante, les cancers professionnels reconnus se répartissent au sein de 18 tableaux de maladies professionnelles distincts, mais se concentrent surtout sur 4 tableaux avec les cancers de la vessie, les cancers naso-sinusiens et les leucémies.
15 ter : Tableau n°15 Ter RG :
lésions prolifératives de la vessie provoquées par les amines aromatiques et leurs sels et la N-nitroso-dibutylamine et ses sels.
Reconnaissance au titre des maladies professionnelles des cancers de la vessie (lésions primitives de l’épithélium vésical) résultant d’une exposition aux amines aromatiques et leurs sels et la N.Nitroso-dibutylamine et ses sels
Tableau 16 bis : Affections cancéreuses provoquées par les goudrons de houille, les huiles de houille, les brais de houille et les suies de combustion du charbon.
Reconnaissance au titre des maladies professionnelles des cancers de la peau (épithéliomas) des cancers du poumon (cancer broncho-pulmonaire primitif) et des tumeurs de la vessie (bénignes ou cancers) résultant d’une exposition professionnelle aux goudrons de houille, huiles de houilles, brais de houille et suies de combustion du charbon.
Tableau n°47 RG : Affections professionnelles provoquées par les poussières de bois
Reconnaissance au titre des maladies professionnelles des atteintes de la peau (eczéma), de l’oeil (conjonctivites), des poumons (asthme, fibrose) et des cancers de l’ethmoide et des sinus résultant d’une exposition aux poussières de bois.
Tableau n°04 RG : Hémopathies provoquées par le benzène et tous les produits en renfermant.
Reconnaissance au titre des maladies professionnelles de certaines pathologies du sang : Hypoplasies, aplasies, leucémies, résultant d’une exposition au benzène.concernent principalement des cancers de la vessie, des cancers naso-sinusiens
Système de reconnaissance au titre des pathologies professionnelles
95% des cancers d’origine professionnelle sont reconnus par le système des tableaux de maladies professionnelles:
- 80% correspondent strictement aux modalités des tableaux
- 15% correspondent partiellement à celles-ci
Les 5% restants (environ 90 cas par an) sont reconnus hors tableaux par le système complémentaire
Nécessité de la surveillance post-professionnelle
Tous types de cancers confondus, l’âge moyen et médian des personnes touchées au moment de la reconnaissance en maladie professionnelle est de 68 ans. Il s’agit donc majoritairement de retraités.
Les patients atteints d’un mésothéliome ou d’un cancer broncho-pulmonaire du tableau 30 (amiante) sont les plus âgés au moment de cette reconnaissance (âge moyen et médian de 73 ans), tandis que les patients atteints d’une hémopathie maligne du tableau 4 (benzène) sont les plus jeunes (moyenne à 56,5 ans et médiane à 56 ans).
La surveillance post-professionnelle est indispensable au dépistage et à la reconnaissance des cancers liés aux expositions professionnelles.
Coût : 1,2 millliards par an à la charge des entreprises
La prise en charge des cancers par la branche AT/MP représente environ 1,2 milliard d’euros par an à la charge des entreprises, principalement en lien avec des rentes viagères.
Seuls 20% des bénéficiaires de rentes liées à des cancers professionnels sont les personnes directement touchées par le cancer. 80% des rentes sont versées aux ayants droits, majoritairement aux conjoints des personnes décédées de leur cancer..
Le montant moyen annuel de leur rente est d’environ 17 000 euros (personnes directement touchées et conjoints survivants).
Les cancers d’origine professionnels se déclarent souvent chez des personnes retraitées, la surveillance post-professionnelle est donc primordiale. Les médecins traitants doivent songer à interroger les patients sur les expositions professionnelles antérieures et ne pas hésiter à conseiller une demande de reconnaissance au titre des maladies professionnelles lorsqu’un diagnostic de cancer est posé. De nombreux cancers d’origine professionnels sont actuellement sous-déclarés car personne n’a songé à établir un lien entre le travail et la pathologie.
Source : Atousanté Marie-Thérèse Giorgio (06/06/2019)
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