Décès d’une étudiante d’une complication d’otite : la prise en charge a été « normale » selon l’hôpital
Leana Cruz est arrivée du Nicaragua en France en août 2017. Étudiante de 19 ans en bonne santé, elle présente le 9 février 2018 les signes d’une otite classique (avec une température de 39 °C) lorsqu’elle consulte les urgences de l’hôpital Édouard Herriot de Lyon. Un traitement classique lui est prescrit : antibiotiques et antalgiques. Cependant, la douleur ne s’atténue pas et les symptômes se compliquent de vomissements et de violentes céphalées. Quand ses amis contactent les urgences pour évoquer le cas de Leana le 11 février, on tente de les rassurer sur le fait que les traitements vont finir par faire effet. Le 12 février, Leana décide cependant de retourner aux urgences. Elle sera vue au bout d’une demi-heure par une infirmière de triage qui la considère comme un cas ne nécessitant pas une intervention rapide. La jeune fille attendra donc huit heures ce qui est « normal » dans ce service d’urgences. Pendant ces longues heures, elle envoie à sa mère les photos du liquide qui s’écoule de son oreille. Ce signe d’alerte ainsi que l’évocation par la jeune fille de ses maux de tête et de ses vomissements ne convainquent cependant pas le médecin qui l’examine à la fin de la journée de prescrire des examens complémentaires, en raison d’une pression artérielle et d’un examen neurologique normaux. Leana rentre chez elle avec un autre traitement. Son état continue à s’aggraver et c’est dans le coma qu’elle est transportée à l’hôpital le 23 février, où elle meurt, victime d’un abcès cérébral.
La complication est rare même si certains symptômes chez l’adulte (la présence de céphalées notamment) doivent inciter à la vigilance. Cependant, le chef du service des urgences de l’hôpital Édouard Herriot, Karim Tazarourte estime que la prise en charge de Leana correspondait à son état au moment où elle a été vue aux urgences.
S’il admet que les risques des otites chez l’adulte pourraient faire l’objet d’une communication plus précise aux familles, il estime légitimement impossible de procéder à un examen d’imagerie plus complet pour chaque patient en raison de la rareté de ce type de complications. Si la famille de Leana est bien déterminée à entamer une action judiciaire, les arguments de l’organisation hospitalière auront un poids certain.
Cependant, ce triste cas illustre une nouvelle fois les difficultés rencontrées dans les services d’urgences. La longue attente de Leana ne peut qu’interpeller ; même s’il est peu probable qu’écourtée la prise en charge aurait été différente. Les infirmières et les médecins de ces services dénoncent aujourd’hui fortement cette situation intolérable.
Source : www.jim.fr (12/03/2018)
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