Décès à l’EHPAD Khorian de Lyon : pas de fautes majeures, mais plusieurs lacunes
Début janvier, l’Etablissement hébergeant des personnes âgées dépendantes (EHPAD) Khorian à Lyon recensait treize décès liés à la grippe. Si la période hivernale est toujours synonyme d’augmentation du nombre de décès chez les plus âgés et si l’épidémie de grippe paraît cette année connaître une gravité plus marquée que la moyenne, ce nombre important de décès a néanmoins été considéré comme inhabituel. Le ministère de la Santé a donc diligenté une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui a rendu ses conclusions.
Les inspecteurs constatent tout d’abord que l’établissement accueille des résidents « plutôt âgés à la santé précaire », ce qui représente des facteurs de risque de décès lié à la grippe élevé. Pour y faire face, l’EHPAD met en place habituellement une couverture vaccinale importante de ses pensionnaires. Le taux atteignait ainsi 80 % l’année dernière. D’une manière générale, au sein du groupe Khorian, on note un volontarisme marqué en faveur de la vaccination contre la grippe (dans les établissements du groupe dans la région Rhône-Alpes, le taux de vaccination a ainsi atteint cette année 86,3 %). Cependant, cette année, dans l’EHPAD de Lyon, la couverture vaccinale n’a pas dépassé les 40,2 %. L’IGAS évoque « un défaut de stratégie et de pilotage de la campagne de vaccination » et encore « des différences de pratique selon les étages », un « calendrier tardif des opérations vaccinales », et « peut-être un trop faible effort de persuasion pour convaincre les résidents et leurs proches de l’intérêt de la vaccination ».
La vaccination contre la grippe, même lorsqu’elle atteint un taux élevé, n’offrant pas une protection parfaite contre le ou les virus saisonniers, d’autant plus dans une population très âgée, l’épidémie a frappé l’établissement. Les stratégies mises en place ont globalement répondu aux recommandations en vigueur. L’IGAS constate ainsi que le dispositif d’alerte et de veille déployé par l’Agence régionale de la Santé a été « cohérent et efficace ». Au sein de l’EHPAD, la « mobilisation » des équipes pour contenir l’épidémie est établie. Elle a notamment permis une information des résidents et de leur famille, ainsi qu’une prise en charge rapide des patients. Par ailleurs, les liens entre l’institution et l’ARS « ont globalement bien fonctionné en amont de l’épidémie ». Néanmoins, l’IGAS remarque, se faisant l’écho de certains témoignages recueillis au lendemain du lancement de l’enquête, un relâchement des mesures barrière au moment de Noël . « Les mesures d’isolement et d’hygiène générale n’ont pas été appliquées pendant plusieurs jours avec toute la rigueur souhaitable » regrette ainsi l’IGAS.
Ces observations conduisent l’institution à des recommandations allant au-delà de l’EHPAD Khorian de Lyon. S’ajoutant aux voix de ceux qui depuis quelques semaines préconisent une obligation vaccinale contre la grippe des professionnels de santé, l’IGAS estime « qu’un principe de précaution mériterait d’être appliqué dans les Ehpad où sont concentrés tous les risques favorisant l’apparition d’épidémies de grippe avec leurs conséquences mortelles pour les résidents. Les vaccins contre la grippe […] devraient tout de même être prescrits pour tous les professionnels et les résidents, et fortement recommandés aux visiteurs ».
Source : www.jim.fr (07/02/2017)
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