Décès de patientes traitées par docétaxel, le générique du laboratoire Accord dans le collimateur
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) informe, dans un courrier adressé aux professionnels de santé, de la survenue de 6 cas d’entérocolites sur terrain neutropénique, dont 5 ayant conduit au décès, chez des patientes traitées par docétaxel. Tous ces cas concernaient des femmes, âgées de 46 à 73 ans, atteintes d’un cancer du sein. Une enquête de pharmacovigilance, ouverte en septembre dernier, est en cours de finalisation.
Les 3 premiers cas d’issue fatale sont survenus en août 2016, suivis de 2 autres cas fatals en novembre 2016 et en février 2017. Il s’agissait à chaque fois de cas survenus lors de traitement en monothérapie ou en association, en situation adjuvante ou néo-adjuvante de cancer du sein.
La communication de l’ANSM confirme une information parue quelques heures auparavant dans le journal « le Figaro ».Le quotidien pointait en particulier la version générique du docétaxel produite par le laboratoire Accord (Intas Pharmaceuticals).
Contacté par « le Quotidien », l’Institut Gustave-Roussy à l’origine de l’alerte confirme que « 4 cas graves ont bien été signalés l’été dernier, dont trois décès », et que tous étaient traités par le générique du docétaxel produit par l’indien Accord. « Nous avons appliqué le principe de précaution et les patients sont maintenant traités par le paclitaxel », affirme l’IGR. Dans son courrier l’ANSM précise que le paclitaxel constitue bien une alternative mais qu’il n’existe pas de recommandation à ce jour, « faute d’éléments complémentaires d’investigation permettant d’évaluer le rapport bénéfice/risque dans le cadre du traitement du cancer du sein. »
Le 4 février dernier, c’est au tour de l’Institut Curie de déclarer auprès de l’ANSM le décès d’une patiente au décours de sa première cure de docétaxel. Il s’agissait du second décès après un premier le 1er juin 2016 qui avait également fait l’objet d’un signalement par l’Institut Curie. « Devant la survenue, dans un espace-temps inhabituel, de ces deux cas similaires à l’Institut Curie ainsi que dans d’autres établissements de santé en France », l’Institut Curie a, « par mesure de précaution, stoppé l’utilisation du docétaxel pour les traitements des cancers du sein », et l’a également remplacé par le paclitaxel. L’institut a confirmé au « Quotidien » que c’est là encore la forme générique commercialisée par Accord qui était en cause.
Selon l’ANSM, interrogé par « le Quotidien », des analyses menées dès septembre 2016 ont exclu des causes possibles la qualité des lots employés à l’IGR. La suspension du générique d’Accord n’est « pas à l’ordre du jour », selon l’agence qui affirme ne pas disposer d’éléments pour incriminer directement cette spécialité.
« Plus de la moitié des patientes traitées avec du docétaxel dans le cadre d’une chimiothérapie adjuvante ou néoadjuvante reçoivent une version générique, dont une large majorité provient de ce laboratoire, il n’est donc pas étonnant que toutes les patientes décédées aient reçu le même médicament », explique l’agence.
L’ouverture d’une enquête de pharmacovigilance concernant l’ensemble des spécialités à base de docétaxel a été décidée au cours du comité technique de pharmacovigilance (CTPV) de l’ANSM du 13 septembre 2016. La présentation des résultats de l’enquête est programmée au CTPV du 28 mars 2017. « L’un des buts est de savoir s’il y a eu d’autres cas d’entérocolites sur terrain neutropénique chez des femmes traitées pour un cancer du sein, précise l’ANSM au « Quotidien ». Des événements similaires ont déjà été signalés dans d’autres indications, et chez des patients de mauvais pronostic. Ce qui est étonnant avec les notifications récentes, c’est qu’il s’agit de femmes de bon pronostic, déjà opérées ou en passe de l’être. »
Source : www.lequotidiendumedecin.fr (16/02/2017)
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